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Considérer les pratiques de définition de l’exploration et de l’exploitation du gaz de schiste au Québec comme atteinte environnementale
Sous une perspective criminologique élaborée à partir de la théorie de l’acteur-réseau
par Héloïse Tracqui

La criminologue Héloïse Tracqui s’intéresse aux atteintes environnementales qu’elle étudie à partir d’un dispositif théorique issu de la Théorie de l’acteur-réseau et du travail de Bruno Latour sur les modes d’existence.

La controverse relative à l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste au Québec constitue son terrain de thèse de doctorat. Cette controverse met magnifiquement en lumière les changements se produisant dans les rapports entre les sciences et la politique dans le cadre des problématiques environnementales liées à la technique. Par-là même, cette controverse expose le besoin de reconsidérer les grilles de lecture du monde aux niveaux épistémologique et ontologique dictées par les épistémologies politiques modernes et ce, pour s’ouvrir à ces évolutions et à leur analyse éclairée. Elle invite la chercheure à s’éloigner de la « criminologie verte » sous sa forme critique pour bâtir une perspective criminologique autour des atteintes environnementales qui se repositionne en laissant davantage de pouvoir définitionnel aux acteurs étudiés.

 

La science est devenue discutable publiquement et de plus, par d’autres acteurs que les scientifiques. Son pouvoir définitionnel concernant les choses du monde ainsi que son empreinte sur la configuration du collectif et sur les orientations politiques sont remis en cause. La politique, dans sa version « démocratie représentative », maintenant sans guide indiscuté concernant les positionnements publics à adopter face aux techniques, doit également faire face à une implication citoyenne éclairée qui perturbe la prise de décision collective. En outre, les citoyens interviennent directement dans l’activité définitionnelle d’une atteinte environnementale en mobilisant le scientifique qu’ils participent également à faire.

 

Libérée de la division moderne du monde « nature versus culture » et aiguillée par les perspective de l’« acteur-réseau » et des « modes d’existence », la criminologue interroge ce qui préside à ces configurations : les pratiques qui font le scientifique, le politique et leurs entrecroisements. Elle considère ainsi les activités définitionnelles (ce que sont le gaz de schiste exploité et ses implications environnementales) et décisionnelles (son intégration ou non dans le collectif québécois) : comment les auteurs font-ils d’une pratique une atteinte environnementale ou non ?

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